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Le 24 avril 2003, Fabien Gérard s'est envolé pour le Japon direction le temple zen d'Antaiji, dans la préfecture de Hyôgo. Fabien est journaliste et a réalisé un documentaire sur Antaiji et Muhô Nölke, le jeune Allemand qui dirige désormais ce temple mythique perdu dans les montagnes de la côte nord du Japon.

Antaiji, le hondôAntaiji est un temple zen qui a été fondé en 1923 à Kyôto. Sa vocation première était d’être un centre d’étude du Shôbôgenzô, le grand ouvrage d’Eihei Dôgen (1200-1253). Le temple resta inoccupé pendant la seconde guerre mondiale et, en 1949, le moine Kôdô Sawaki (1880-1965) en prit la direction. Sous son impulsion, Antaiji devint un lieu célèbre dédié à la pratique de la méditation. Après la mort de Sawaki, Kôshô Uchiyama, son disciple, lui succéda et inaugura "les sesshin sans jouets", des retraites zen entièrement dédiées à la pratique de la méditation, sans rituel ni enseignement. Le temple fut par la suite transféré dans un site montagneux et sauvage de la préfecture de Hyôgo. Après la mort accidentelle de Shinyû Miyaura, le dernier abbé en date, en février 2002, Muhô Nölke, son disciple allemand, a repris la charge. Un Occidental à la tête d’un temple qui, malgré son éloignement et son intense emploi du temps, attire (intrigue ?) toujours les visiteurs.

En savoir plus ?

Antaiji, le monastère a son site Internet.
Le carnet de voyage de Fabien Gérard.

La photographie représente le hondô ou pavillon principal d'Antaiji. © Muhô Nölke.

Télécharger et imprimer le texte complet au format pdf.



Pourquoi je pars

Une lettre d'avant-voyage de Fabien Gérard

24 avril 2003. Je suis tombé dans le monde "bizarre" du zen par le plus grand hasard. Un sujet évoqué au cours d’un dîner - les journalistes forment souvent de grands opportunistes et les idées qu’on leur souffle tombent rarement dans l’oreille d’un sourd. C’est dégagé de tout préjugé et autre image d’Epinal que fournit parfois le bouddhisme tibétain à l’imaginaire collectif occidental que s’est faite ma première rencontre avec le zen. Je crois, jusqu’à cette première rencontre avec le groupe d’Éric Rommeluère, n’avoir jamais rencontré de bouddhiste (ou alors à mon insu). Mes connaissances sur le bouddhisme étaient très lacunaires : pour moi, les différences entre les écoles sôtô et rinzai tenaient alors du détail. J’ai abordé ce "nouveau monde" dans une démarche semblable à celle qui m’anime lors de n’importe quel reportage. À savoir l’application bornée du triptyque journalistique enseigné dans les écoles de journalisme : ouverture d’esprit, esprit critique et critique objective. Mais rapidement, les instruments habituels de compréhension du monde se sont révélés insuffisants, pour ne pas dire inopérants. Comment mettre un nom sur ce que je voyais là : des gens assis face à un mur, une heure durant, pendant que, de la rue, provenaient les bruits de la ville et qu’il semblait, dehors, y avoir tant à faire ? Choisir le zen ressemble, sur le plan journalistique, à une gageure. Ma première expérience de zazen, si elle m’a effectivement profondément touché, a immédiatement interpellé le journaliste que je suis : comment expliquer le zen en langage humain ? Est-il seulement possible de faire partager cette expérience quand autour de vous, tout est censé avoir un sens, un but, un objet ? Par leur dimension messianique, les religions du Livre, qui me sont plus familières, se déploient autour d’un but et véhiculent un corpus de valeurs qui peuvent être facilement assimilées. Le zen n’a pas cette prétention. C’est ce qui m’a attiré. Dans le même temps, une évidence s’est imposée à moi : pour parler de zazen, il faut le vivre. En zen, tout semble s’expliquer par l’expérience vécue, par le soi-même. J’ai alors repensé à mes premières lectures, celles de Voyages dans les monastères zen de Benoît Billot ou Ma vie dans les temples zen du Japon de Teisen Pérusat-Stork, en un mot, à l’importance du témoignage sur le logos. Il m’apparut essentiel d’entrer dans le zen avec cet "esprit du débutant" dont m’avait parlé Éric après le premier zazen. Je me suis immédiatement reconnu dans cette expression. Sans rien connaître au zen, à son histoire, ses textes et ses penseurs, je voulais juste conserver à chaque zazen joie et enthousiasme, curiosité et étonnement. Et avec ma jeunesse, porter un regard neuf sur cette pratique et ceux qui la vivent.

Alors que je m’apprête à m'envoler pour le Japon et le monastère d’Antaiji, c’est toujours - je crois - cet "esprit du débutant" qui m’habite. "J’ai atteint la Voie en union avec toute la terre et les êtres sensibles ; tout : montagnes, rivières, arbres et herbes, tous sont devenus des bouddhas." Après avoir tellement entendu parlé d’Antaiji, de sa place dans le cœur et la voie de certains bouddhistes d’Occident, j’en suis presque venu à croire que ce monastère serait le lieu idéal de la mise en pratique de cette phrase de Shâkyamuni. Un endroit où l’on vivrait le temps de zazen comme réalité de la vie de chaque instant. J’ai peut-être la faiblesse de croire que dans l’enceinte naturelle du monastère d’Antaiji, je verrai le zen dans son "élément" comme débarrassé des contingences matérielles et des contraintes de la vie urbaine. À l’inverse, je ne recherche pas là-bas un zen "édulcoré", sis dans un temple au milieu de montagnes féeriques entourées de brumes mystiques, pour reprendre la métaphore d’Uchiyama dans Réalité du zen, le chemin vers soi-même. Mais au fond de moi, après des mois parfois laborieux consacrés à la préparation de ce voyage et du film, j’espère être touché par l’expérience que je m’apprête à vivre, par Antaiji et par les gens qui y vivent. En revanche, je n’attends rien de particulier. Je dirais plutôt que je suis prêt, prêt à tout, et même à être déçu. Le mot "attente" me dérange ; il renvoie à la notion d’objectif. Ce séjour à Antaiji est pour moi un cheminement et un temps. Attendre quelque chose d’Antaiji reviendrait en quelque sorte à connaître d’avance les réponses à des questions que je me pose et que j’ai envie de poser à Muhô et aux personnes qui l’entourent. Eprouvent-ils une sorte de plénitude ? Vivent-ils, comme le disait Uchiyama, dans la réalité de la vie ? Souffrent-ils ? Je pars à la recherche de réponses, en espérant faire apparaître l’invisible sur pellicule.

Lire la suite, c'est-à-dire le carnet de bord de Fabien Gérard à Antaiji.

© Fabien Gérard, 2003. Reproduction interdite. [Télécharger et imprimer le texte complet au format pdf]


Antaiji, le documentaire de Fabien Gérard.




Rinzai