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Dôgen - Une biographie (huitième partie)


Les dernières années à Kôshôji

Le printemps 1241 voit l'arrivée à Kôshôji du maître Kakuzen Ekan (?-1251) accompagné de ses jeunes disciples comme Gikai (1219-1309), Giin (1217-1300) et Gien (?-1313). Ekan était l’un des représentants de l’école zen dite Daruma-shû. En 1228, le Myôryakuji, un temple tendai de la province de Yamato où il enseignait avait été détruit par des moines guerriers du Kôfukuji de Nara. Il avait dû alors se réfugier dans la province septentrionale d'Echizen dans un autre temple tendai du nom d’Hakakuji. La précarité de sa situation, l'attrait d’une communauté autonome séparée de l'école tendai et le fait qu'Ejô, le condisciple d’Ekan, soit devenu le deuxième homme de Kôshôji se conjuguaient pour que tout le groupe se rallie à Dôgen.

Les années 1241-1243 marque une radicalisation du discours de Dôgen à l'égard de l'école Linji. Il doit alors faire face à une opposition latente interne puisque l’école de Kakuzen Ekan était l’héritière par sa lignée de transmission de Dahui Zonggao, ainsi qu’à une opposition externe du fait de l’installation du moine Enni Ben'en (1201-1280) près du Kôshôji.

Enni Ben'enBen'en (ci-contre, son portrait officiel) est une figure aussi importante que Dôgen dans le paysage japonais religieux du treizième siècle. Jeune enfant, il devint novice au sein de l'école tendai. À dix-huit ans, il entra au célèbre temple d’Onjôji et se fit moine. Il étudia ensuite avec plusieurs disciples d’Eisai, Eichô au monastère de Chôrakuji, Gyôyû et Ryôshin. En 1224, il reçut le sceau de l'enseignement ésotérique du tendai du maître A'nin, du temple de Jufukuji à Kamakura. Il se rendit ensuite en Chine en 1235 où il étudia le zen de la tradition Yangqi au Wanshousi, l'une des Cinq Montagnes (gozan), sous la direction de Wushun Shifan (jap. Mujun Shiban, 1177-1249) qui le certifia comme son héritier en 1237. Ben'en revint au Japon en 1241 et s'installa dans le Kyûshû où il établit rapidement plusieurs temples. Sa réputation dépassa vite le Japon méridional et l’opposition de l’école tendai n’empêcha pas l’ancien chancelier Fujiwara Michiie (1192-1252) de l’inviter comme premier abbé-fondateur du Tôfukuji, un nouveau monastère qu'il faisait construire au sud de Kyôto pour rivaliser avec les anciens monastères de Nara, le Tôdaiji et le Kôfukuji. Le site retenu était au sud-est de la capitale entre le temple de Kenninji et celui de Kôshôji. La construction avait commencé en 1236 sur le modèle d’un monastère chinois, et une salle communautaire (sôdô) fut construite comme à Kôshôji. En 1243, une fois la construction terminée, Ben’en fut appelé pour prendre la charge d’abbé. Comme pour le Kenninji, ce monastère était officiellement un monastère de l’école tendai qui comprenait des ailes zen et shingon. À la différence de Dôgen, Ben’en prônait un syncrétisme des trois traditions.

Dôgen ne semblait guère préoccupé par la politique et les relations avec la cour. On lui a attribué tardivement un ouvrage intitulé Gokoku shôbôgi, "La signification de la véritable doctrine pour la protection du pays", qu'il aurait remis à la cour. Cette attribution est fautive et ne correspond pas à son idéal d’indépendance. Il semble d’ailleurs avoir refusé de se rendre à Kamakura, la place forte du shogunat. Sa situation devait être relativement précaire et Dôgen devait nécessairement composer avec le pouvoir en place. Ses répétitions sur la nécessaire pauvreté (notamment dans ses propos rapportés dans le Zuimonki) peuvent se lire comme une façon de reconsidérer positivement une situation pour le moins difficile. La construction de la salle communautaire, la première au Japon, avait cependant attiré la curiosité des aristocrates. Les nobles et les laïcs venaient l’écouter dans son temple. La construction de la salle du dharma (hattô) se fit grâce à la donation d'une femme de la noblesse entrée en religion sous le nom de Shôgaku. La recomposition du paysage politique et religieux lui permit ainsi de poursuivre ses activités, ce qui aurait été sûrement impensable une vingtaine d’années seulement auparavant.

Le quatrième mois lunaire de l'année 1242, il aurait enseigné dans la maison de la famille Konoe du clan Fujiwara : Iezane (1179-1243) et son fils Kanetsune (1210-1259) étaient deux des personnages les plus influents de la cour. Iezane était le petit-neveu du chancelier Matsudono Motofusa et donc vraisemblablement un petit cousin de Dôgen. La même année, Dôgen prononce un discours intitulé Zenki ("La totale activité") dans la résidence d'Hatano Yoshishige (?-1258), un membre influent de la cour shogunale lié aux Konoe et qui sera son plus fidèle protecteur. Le quatrième mois de 1243, il délivre un autre enseignement intitulé Kôbusshin ("L’esprit des anciens bouddhas") à Rokuharamitsuji, un temple de l'école tendai proche du Kenninji. Ce qui aurait été vraisemblablement impossible sans l'appui des Konoe et de Yoshishige. L'un des protecteurs de Dogen était alors Kujô Noriie, un petit-fils de Fujiwara Kanezane. Le frère de Noriie, Kujô Michiie, était un rival des Konoe et avait, lui, reçu les préceptes bouddhiques de Ben’en. Ces pressions paraissent stimulantes : Alors que seulement sept fascicules du Shôbôgenzô sont rédigés avant 1240, les deux tiers du livre seront composés entre les années 1241 à 1244, 10 fascicules seront rédigés en 1241, 16 en en 1242, 23 en 1243 (5 avant son départ de Kyôto et 18 après), 12 en 1244. (.../...)

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